LE FILM FOX TROT
Point de vue de Danièle Weiss, Le 29 Mai 2018
Point de vue de Danièle Weiss, Le 29 Mai 2018
C’est un film du cinéaste Israèlien : Samuel Maoz qui a également réalisé Lebanon en 2009 où il décrit sa vision absurde et cauchemardesque de la guerre du Liban tel qu’il l’a vécu avec pour seul décor: l’habitacle d’un tank avec 4 autres soldats. Dans Fox Trop, le principal décor des militaires est une baraque en fer qui penche en signe d’effondrement Symbolique. Ils dorment et mangent là des boites de conserve. Celles-ci servent aussi à mesurer chaque jour l’inclinaison de la pente de leur habitacle. Ils montent la garde à tour de rôle et marchent dans la boue et la pluie dégoulinante. C’est un poste frontière, où chaque nuit, passent des palestiniens pour rentrer chez eux. Diverses scènes nous sont montrées au moment de la vérification des identités : Des scènes classiques d’attente devant la barrière ou plus humiliante où une femme à qui l’un des soldats de garde a demandé d’ouvrir son sac et d’en jeter le contenu, pleure, ses larmes se mêlant à ceux de la pluie. Il y aura aussi 4 jeunes garçons et filles rentrant d’une fête. Une jeune femme sourit à Jonhatan, le fils de Michael et de Dafna, ses parents dont je n’ai pas encore parlé jusqu’ici, mais qui sont présents, surtout au début du film et à la fin et dont je vais décrire des attitudes dans une deuxième partie. Cette jeune femme est dessinée par Jonhatan sur un cahier de dessein, sorte de bande dessinée sur sa vie quotidienne. Pour dissiper aussi leur ennui, les soldats, armes en bandoulière dansent aussi le Fox Trot. Cet ennui peut nous renvoyer au « désert des tartares » de Dino Buzzati.
Reprenons ce moment du film de la voiture avec les 4 jeunes gens du même âge que les 4 soldats. Celui de garde prend peur quand il voit une boite de coca sortir de la voiture. Ils tirent. Les occupants de la voiture meurent. Aucun engin explosif ne suit. Là encore nous sommes confrontés à l’absurdité d’une panique non justifiée, mais réelle de jeunes gens confrontés à la mort. Une voiture balaie est appelée à la rescousse pour creuser un trou et enterrer les morts. La puissance de cette image renvoie t’elle à la Shoa par balles ?
Un colonel vient leur rendre visite : Il n’y aura pas de publicité ni de répercussions pour les soldats. Pendant cette visite, il reçoit un coup de fil d’un général. Jonhatan rentre chez lui. Il est dans le camion et ne sait pourquoi, il revient chez lui.
On le ramène sur la route en camion à la demande de son père, Michael, à qui on annonce au début du film que jonhatan est mort. Sa mère s’évanouit à l’annonce faite par des soldats de Tsahal. En fait, c’est une erreur : Il s’agit d’un autre Jonhatan Feldman. Nom et prénom courants pour des juifs d’origine allemande dont la visite à la grand-mère aux yeux bleus d’acier, nous le fait entendre.
Cette famille est soucieuse de transmission tout en étant athée. Mais il semble que la transmission a été coupée par Michael qui jeune enfant échange une Thora venant de ces ancêtres avec obligation symbolique de transmettre au fils. Michael, lui, l’a échangé contre une revue dont la couverture représente une femme peu vêtue qui le fait rêver. Le réel du sexuel à la place de la fidélité aux ancêtres pour un jeune garçon pré-ados.
La fin du film : Dafna veut chasser Michael de la maison, au sens du Heim, cher à Freud, là où on se sent chez soi, car Jonhatan est mort dans le camion, sur la route qui le ramène à la maison. Elle rend son mari responsable de la mort de son fils. Puis une réconciliation a lieu en présence d’Alma la sœur de Jonhatan, autour du gâteau commémorant l’anniversaire de la mort du jeune homme. La vie reprend le dessus.
Le personnage principal de cette fable est sans doute, le chameau que l’on voit à plusieurs reprises dans le film traversant la barrière de la frontière. C’est lui qui provoque le dérapage du camion ramenant Jonhatan chez lui. Cet animal comme signifiant l’absurdité de la séparation et de la frontière : Israël-palestine.