ÊTRE CONFINES A QUOI ÇA VOUS FAIT PENSER ?
Quelques associations libres
pour s’y soustraire un peu.
Un point de vue de Danièle Weiss
Quelques associations libres
pour s’y soustraire un peu.
Un point de vue de Danièle Weiss
Avant nous étions vraiment très occupés avec un agenda débordant. Nous pouvions dire à des amis nous invitant à dîner pour le samedi suivant : « Désolé, nous sommes pris ». On proposait alors le samedi d’après, « si vous êtes libres » et à leur réponse négative, on repoussait au mois suivant, mais « on va quand même trouver un moment pour se parler et raconter nos dernières vacances. » En attendant, voici nos photos des vacances de Noël en Inde sur Facebook, et nos autres amis les verront aussi en partage. »
Aujourd’hui, dans le confinement, plus de « Selfies » du bout du monde. Que raconter si ce n’est un nouveau quotidien partagé par les semblables de notre classe sociale en famille ou seul. On prend des nouvelles. On peut s’entraider en recommandant un concert sur Youtube, une émission à suivre pour les enfants et d’autres suggestions encore… Dire prenez soin de vous, cela va s’arrêter un jour ! On a aussi à notre disposition d’autres applications pour partager nos messages, si l’on se débrouille bien avec les claviers informatiques et internet, ce qui n’est pas évident pour toutes les classes d’âges.
Grâce à La Sillicon Valley et ses avancées technologiques, au début des années 2000, des hommes alors jeunes, ont voulu faire le bien de l’humanité et nous éviter l’angoisse du vide en nous permettant à tout moment, et où que l’on soit, de montrer nos photos à qui on le souhaite. On peut aussi écrire des messages à partager sur d’autres applications, dont Twiter et Instagam, par exemple. Devons-nous les remercier pour ces gestes en « toute gratuité » ? Or, nous savons que dans la société de consommation et de marketing : rien n’est gratuit.
Mais voilà actuellement, nous sommes cloués sur place, à demeure, dans nos habitats, de façon inégale certes, entre ceux qui sont partis dans une résidence familiale à la campagne et ceux qui restent forcément assignés à la ville. Pour ces derniers : Il y a ceux qui ont des balcons et un grand appartement, tout seul ou à plusieurs, et ceux qui vivent à quatre ou cinq dans un deux pièces. Le confinement ne peut être vécu de la même façon. Ici ou bien là-bas, bien des violences intrafamiliales 24 heures sur 24 ont tout le loisir de s’exprimer.
Celles ou ceux d’entre nous qui ont une vie confortable, nous nous retrouvons effarés devant le vide de nos agendas et la chanson de Juliette Gréco me revenait en mémoire : Je hais les dimanches. C’est aussi ce que j’éprouvais enfant, quand mon frère retournait en pension le dimanche soir et qu’une partie de la famille aussi repartait ailleurs. Nous restions seule ma mère et moi.
Pour Pascal : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas demeurer en repos dans une chambre. » Dans les pensées : La recherche du divertissement est ce qui nous empêche de devoir réfléchir à la vie, à la vie que l’on mène. Le philosophe nous ramène au réel que nous cherchons à éviter.
Même Ulysse, le héros de l’Odyssée, une fois rentré dans ses foyers à Ithaque et après avoir subi longtemps bien des épreuves dont on peut se souvenir par les récits, n’a qu’une envie : celle de repartir. On peut aussi penser au « confinement » de Pénélope pendant tout ce temps.
La pratique du télétravail pour des salariés d’entreprise ainsi que la scolarité à la maison dans les familles est de rigueur dans ce moment, sauf pour ceux dont la présence est indispensable comme les soignants ou quelques autres salariés. On a alors un mélange entre espace privé et espace public. Ce qui n’est pas sans poser problème pour l’emploi du temps quand on doit s’occuper de surveiller les devoirs des enfants. La séparation entre ces deux lieux s’est accentuée au moment de la grande industrie. Au paravent, Les artisans et commerçants des villes à partir de la Renaissance, étaient habitués à mélanger ces univers. Par ex : le boulanger avait son four et son échoppe devant son habitat familial et apprenait à son jeune garçon comment faire le pain. La modernité et le monde industriel ainsi que la scolarité obligatoire fin du XIXème ont permis cette distanciation, plus conforme à nos aspirations et nos désirs.
Par contraste à la pensée de Pascal, voici des extraits de Jean Jacques Rousseau, qui séjourne sur le lac de Bienne en Suisse. Les rêveries d’un promeneur solitaire :
« Tout ce que je fis durant mon séjour ne fut en effet que l’occupation délicieuse et nécessaire d’un homme qui s’est dévoué à l’oisiveté. »
« J’allais me jeter dans un bateau que je conduisais au milieu du lac quand l’eau était calme et là m’étendais de tout mon long dans le bateau les yeux tournés vers le ciel, je me laissais aller et dériver lentement au gré de l’eau et quelquefois pendant plusieurs heures, plongé dans mille rêveries confuses mais délicieuses et que sans avoir aucun objet bien déterminé ni construit… cent fois plus préférable à tout ce que j’avais trouvé de plus doux de ce qu’on appelle les plaisirs de la vie. Le flux et le reflux de cette eau, son bruit contenu mais renflé par intervalles, frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisait pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. De temps en temps naissait en moi quelque faible et courte réflexion sur l’instabilité des choses de ce monde dont la surface des eaux m’offrait l’image, mais bientôt les impressions légères s’effaçaient dans l’uniformité du mouvement continu qui me berçait et qui sans aucun concours à l’état de mon âme, ne me lassait pas de m’attacher au point qu’appelé par l’heure et par le signal convenu, je ne pouvais m’arracher de là sans effort. »
C’est à un moment de jouissance et au partage d’un « sentiment d’existence dépouillé de tout autre » auxquels nous invite le philosophe.
Mais, on peut ne pas partager avec lui, cette jouissance, quand revient la question des conditions qui nous entourent, et qui nous sont nécessaires, pour éprouver le sentiment de l’existence et la possibilité périodique de vérifier qu’on existe bien. D’où la question qu’est-ce qui nous permet cette vérification ?
Danièle Weiss
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