INTRODUCTION AUX PENSEES DECOLONIALES QUELS TISSAGES AVEC LA PSYCHOSOCIOLOGIE ?

Coordination assurée par : Sophie Goutte, Jamal Lamrani, Isabelle Pautrat et Delphine Vincenot

A la suite de la conférence de Sophie Hamisultane, en juin 2024, sur la déconstruction de l’héritage colonial, le CIRFIP propose en 2025, un cycle de rencontres pour continuer à explorer les pensées décoloniales et ouvrir une discussion avec les psychosociologues. En effet, cette conférence a donné à voir la part souvent non interrogée, dans nos pratiques de groupes ou d’intervention, des effets de position liés à l’histoire héritée de la domination occidentale et du colonialisme, sur la prise de parole et la capacité d’écoute de l’expérience de l’autre.

Nées en Amérique du sud dans les années 1990, en se différenciant des études subalternes et des études postcoloniales, les études décoloniales ont pour objet d’analyse la persistance, dans l’après-coup des colonisations, de la « matrice coloniale du pouvoir », instituée comme condition du développement du capitalisme. Elles s’efforcent de rendre compte du racisme et des dominations épistémiques, linguistiques, économiques, sexuelles, esthétiques, spirituelles qui demeurent opérantes et entravent l’achèvement du projet de décolonisation. Courant aujourd’hui pluriel et dispersé géographiquement, les pensées décoloniales visent l’émergence d’un « système-monde » alternatif à celui de la modernité et vont de pair avec le développement d’une épistémologie dite « frontalière » qui échappe aux logiques de disciplines académiques et promeut un dialogue des cultures et des ontologies à l’échelle mondiale.

Nous partons du constat que ce courant majeur de la pensée critique contemporaine qui est régulièrement, en France, l’objet de polémiques dans les discours médiatiques, politiques et universitaires, est d’abord mal connu, et qu’il doit être appréhendé dans sa pluralité et son originalité pour susciter dialogue, débat et discernement.

Ce cycle de conférences a vocation à faire découvrir ces pensées autant qu’à donner les moyens, par des exemples concrets d’interventions, d’ouvrir de nouveaux terrains à l’élaboration. Il s’agit d’établir la possibilité d’une pensée nuancée, concrète, ouverte au débat

et surtout soucieuse de poursuivre par de nouvelles voies la visée d’émancipation qui soutient la pensée et la pratique psychosociologiques.

Comment la colonialité traverse les situations d’intervention et les psychosociologues dans l’activité ? Comment la colonialité peut se constituer comme objet d’intervention, comme objet de recherche pour les psychosociologues ?
Quels voisinages/distinctions entre les débats épistémologiques qui traversent la psychosociologie et ceux qui traversent les études décoloniales ?

En quoi les études décoloniales peuvent-elles être une ressource pour penser la montée actuelle des populismes ?

Une première conférence introductive permettra de s’inscrire et de se repérer dans le champ des pensées décoloniales. Les conférences suivantes présenteront différentes expériences par lesquelles des intervenant.e.s se sont laissé.e.s interpeller par ces questions et en montrent l’intérêt dans différents contextes.

Le 10 février 2025 : Décoloniser les savoirs

  • Intervenante : Seloua Luste Boulbina, philosophe
  • Discutante : Isabelle Pautrat, psychosociologue

Le 31 mars 2025 : La colonialité objet d’intervention du psychosociologue

  • Intervenant : Jamal Lamrani, psychosociologue
  • Discutante : Annie Charlotte Giust-Ollivier, psychosociologue

Juin 2025 : Brésil en scène : déconstruction de la pensée coloniale et privilège des Blancs

  • Intervenante : Teresa Carreteiro, psychosociologue, professeure de psychosociologie et sociologie clinique, Université fédérale Fluminense
  • Discutant.e : Delphine Vincenot,

Le 8 octobre 2025 : Au croisement de l’approche clinique et décoloniale : penser le sujet dans sa complexité

  • Intervenant.e : Wilsot Louis, Laboratoire Changement Social et Politique
  • Discutant.e : Stéphane Tahri

En Décembre 2025 : Conférence de clôture