Depuis l’introduction par Jacques Chevalier et Michelle Bourassa de la Recherche-Action Participative en Europe francophone, de nombreux citoyens, chercheurs, doctorants, consultants, militants associatifs s’y sont formés. Beaucoup ont développé des pratiques participatives de recherche inspirées de la RAP dans des champs très divers : transition énergétique et écologique, changements climatiques, biodiversité, résilience urbaine, souveraineté alimentaire, agro-écologie…Les mêmes ou d’autres ont enrichi leurs pratiques de formation, d’accompagnement ou de consultance des moyens habiles de la RAP. La communauté des praticiens de la RAP est très large en Belgique, en France, en Suisse.  Et les collaborations se sont également développées avec le Québec.

Aujourd’hui l’intérêt pour la recherche-action participative s’amplifie. En Belgique, des financements publics ont encouragés depuis 2018 des équipes de chercheurs/citoyens à soumettre des projets à l’interface entre sciences et sociétés. Le programme Co Construction des Connaissances (CO3) a ainsi déjà financé 30 projets de RAP.  En France, l’Agence Nationale de la Recherche lance un nouvel appel d’offre qui devrait en soutenir de nouveaux dans les années à venir.

Ces dispositifs de financement, permettent de lancer et de mener à bien des projets ambitieux dans la durée. Or ces projets demandent des compétences nouvelles (animation, gestion d’équipes, accompagnement, rédaction d’article) et une maitrise suffisante des outils et moyens habiles de la RAP. Par ailleurs, les sollicitations pour accompagner les projets de recherche participative en cours ou en développer de nouveaux sont de plus en plus nombreuses.

Dans ce contexte, la formation proposée vise à permettre à des praticien-nes, chercheurs ou consultant-es accompagnateurs-ices de collectifs, militant associatif de se perfectionner à la recherche action participative afin d’accompagner des projets et/ou à contribuer à la transmission de ces démarches et de ces moyens habiles.

Objectifs 

Permettre aux participants :

• de se perfectionner aux démarches de recherche-action participative,
• de développer leurs ressources pour l’accompagnement de collectifs,
• d’élargir leur palette de moyens habiles de la RAP,
• de développer la dimension de recherche dans leurs pratiques.

Publics

Chercheurs-es et doctorant-es, consultant-es et praticien-nes de l’accompagnement des personnes et des collectifs, associations, administrations et collectivités territoriales.

Contenus et modalités

Différentes dimensions de la formation seront travaillées en expérimentant les moyens habiles de la RAP afin de permettre aux participant-es:

• d’identifier et de formuler leurs questions et souhaits quant à la formation ;
• d’identifier leur positionnements actuels et souhaités à l’égard de la RAP;
• de connaître, situer et se situer dans les grandes approches de la recherche-action participative ;
• d’identifier, de comprendre et de rechercher une juste posture face aux difficultés qui peuvent surgir dans un processus collectif;
• de co-construire un design d’événement et combiner des moyens habiles pour soutenir une démarche RAP ;
• d’ identifier et d’ explorer les questions soulevées par la construction des connaissances à visée scientifique en recherche-action participative.

A cette occasion, les participant-es pourront expérimenter des usages inhabituels de moyens habiles souvent pratiqués (champ de forces par exemple) ou encore découvrir de nouveaux moyens habiles (volets Intériorité/Extériorité par exemple). Ils/elles seront invité-es en plusieurs circonstances à partager et mettre au travail les projets réels dans lesquels ils/elles sont engagé-es.

Selon leurs attentes et à partir d’une présentation d’ensemble, plusieurs autres moyens habiles pourront être approfondis, en particulier les plus complexes, comme :

• Ordre et chaos

Déterminer le mode de conduite d’un projet en estimant ses chances de réussite et le degré d’incertitude des facteurs incidence sur la démarche

• Analyse de domaine.

Saisir comment les acteurs construisent un domaine à partir de similitudes et différences et entrevoir de nouvelles façons d’aborder ce domaine.

• Analyse dynamique

Saisir comment des acteurs définissent et perçoivent les parties d’un ensemble et leurs interactions afin d’identifier des leviers d’intervention.

• Paradoxe

Explorer les bénéfices masqués, les valeurs et attitudes qui découragent l’action

• Posture

Mesurer le dissensus qui peut exister entre le mandat qui nous a été donné, les valeurs que l’on défend, les compétences que l’on a développées et le style de vie que l’on veut préserver.

Des séquences de travail sur textes théoriques ou articles scientifiques pourront également être proposées au fil de la formation.

Nous nous laissons la possibilité de modifier ces modalités en fonction de l’avancement de la formation.

Déroulement envisagé

La première journée est centrée sur la constitution du groupe et la connaissance et le positionnement de chacun-e au regard de trois piliers et des cinq approches de la recherche-action participative.

La deuxième journée est centrée sur la facilitation des processus collectifs dans les démarches de recherche-action participative et leurs difficultés spécifiques et sur l’élargissement de la palette de moyens habiles.

La troisième journée est centrée sur l’articulation des moyens habiles (combos) en une continuité soutenant le processus et les questions relatives à la production de connaissances par la recherche-action participative.

Nous nous laissons la possibilité de modifier ce déroulement en fonction de l’avancement de la formation.

Formateurs

Sylvie Blangy, ingénieure de recherche au CNRS, consultante, formatrice, et praticiennes de la RAP. Sylvie co-construit et accompagne des projets de recherche action avec des communautés Sami en Suède et Inuit au Canada qui répondent à leurs préoccupations (impact des changements globaux, souveraineté alimentaire, mines). En France, elle travaille de concert avec des collectivités locales et associations civiles sur la réponse aux grands enjeux sociétaux (déchets plastiques, transition énergétique, énergie renouvelable..)

Christian Michelot, psychosociologue-consultant intervenant auprès des entreprises, des établissements sanitaires et sociaux et des institutions publiques enseignant-chercheur à l’Ecole CentraleSupélec, actuellement titulaire d’une chaire de recherche pour le secteur du bâtiment et travaux publics,  et instructor Participatory-Action Research, membre du Comité Editorial de la Collection Psychosociologie(s) aux Editions l’Harmattan et du comité de rédaction de la Nouvelle Revue de Psychosociologie.

L’un et l’autre sont des praticiens expérimentés. Ils sont garants de la mise en place du cadre de travail et des règles de fonctionnement du groupe permettant l’expression des différences, assurant le respect des personnes et offrant la possibilité pour chacun d’élaborer ses propres questionnements au-delà des apprentissages communs.

Dates et lieu