Les recherches-actions participatives (RAP) connaissent un développement sans précédent. Bien au-delà des sciences humaines et sociales où elles sont d’abord apparues, elles s’imposent aujourd’hui dans des champs les plus divers : transition énergétique et écologique, biodiversité, agro-écologie, souveraineté alimentaire, résilience urbaine. Elles témoignent de profondes mutations dans les rapports entre sciences et société.
Les recherches-actions participative acquièrent par la même une reconnaissance institutionnelle jusque-là inconnue. De nouveaux dispositifs de financement, permettent désormais de lancer et de mener à bien des projets ambitieux dans la durée.

Ainsi en France, le programme CO3 (Co Construction des Connaissances) a financé 47 projets de RP dont 19 consolidés entre 2018 et 2022. L’Agence Nationale de la Recherche (ANR) a pris le relais depuis avec 2 appels d’offre (SAPS : Sciences Avec et Pour la Société) 1 et 2 dans la même lignée que CO3. En Belgique, le programme Co-Create à Bruxelles finance avec des moyens très conséquents depuis 2018 des projets de recherche et de développement expérimental (R&D) menés en co création avec les acteurs du changement en vue de relever les enjeux des transitions sociétales. Au Canada (New Research for transformation) et en Norvège (Sustainable Development in the Arctic), des programmes de financement se multiplient pour soutenir des projets réalisés de concert avec les communautés autochtones et les citoyens sur des grands enjeux environnementaux et sociétaux (feux de forêts, santé, énergie verte.).

Ces intérêts nouveaux induisent corollairement des offres de formations dont la diversité témoigne qu’il n’y a pas de définition normative de la recherche-action participative. Pour autant l’enjeu de la recherche-action participative n’est pas seulement celui d’une science participative. Il ne s’agit pas seulement d’associer les « citoyens » à la production de connaissances mais aussi de les aider à changer leurs situations, et de faire surgir des connaissances nouvelles de cet effort de changement. Les « moyens habiles » (MH) de la Recherche-Action Participative, créés par Jacques Chevalier, Michelle Bourassa et Daniel Buckles permettent cette recherche combinée de solutions aux problèmes de la vie sociale et de production de connaissances. Pour les chercheurs et les acteurs engagés dans la recherche de voies nouvelles face aux crises sociétales et environnementales, ils constituent des appuis méthodologiques décisifs.

Finalités

Cette formation RAP a pour ambition d’accompagner les participants, de les aider à monter en compétence dans l’acquisition des démarches de RAP qu’ils pratiquent déjà ou qu’ils envisagent d’intégrer dans leurs pratiques professionnelles. Cette formation est elle-même conçue comme une recherche-action.

Objectifs

Les objectifs que nous nous sommes fixés sont les suivants.

• Se familiariser et expérimenter une dizaine de « moyens habiles » issus du guide de Chevalier (www.sas2.net) et les appliquer aux projets en cours.
• Situer chacun de ces moyens habiles et la recherche-action participative dans son ensemble dans les pratiques de recherche ou d’accompagnement.
• Mieux évaluer sa posture de chercheur ou de co-chercheur par des « moyens habiles » complexes comme l’ANALYSE de CONSTRUIT ou POSTURE.
• Apprendre à choisir les « moyens habiles » en fonction des objectifs visés et les combiner judicieusement dans un design d’ateliers ou combo de techniques qui accompagne l’équipe dans la durée et booste la composante « Recherche » d’un projet de RAP.
• Mener toutes les étapes du projet de recherche RAP, de la co construction des questions de recherche jusqu’à la valorisation des données, et des résultats co-produits (CCAIDD) en utilisant plusieurs supports : les articles scientifiques mais aussi supports artistiques combinant le visuel, et l’oral (vidéo, photo, narratif, cartographie, dessin.) et les ateliers d’écriture collaboratifs.
• Analyser ce qui se joue dans un collectif de recherche-action participatif.

Cette formation est conçue elle-même comme une recherche-action visant à expliciter ce qui porte aujourd’hui les acteurs et les chercheurs vers ces démarches, à identifier et analyser les obstacles qu’elles rencontrent et faire apparaître des leviers de solutions.

Publics

• Chercheurs, en poste ou indépendant, étudiants en 2ième cycle, doctorants et post doctorants.
• Consultants, praticiens de l’accompagnement, acteurs associatifs ou sociaux, collectivités territoriales, administrations. Membres du Tiers Secteur de la Recherche (TSR)
• Personnes déjà impliquées dans des démarches de recherche-action participative ou envisageant de s’y engager.

Déroulement

Avant la formation

Les personnes intéressées contactent les formateurs avec lesquels ils dialoguent au cours d’un entretien individuel.

Le programme est construit sur la base de ces premiers échanges.

Pendant la formation

Les objectifs sont affinés avec le groupe en début de formation

La formation se fera sous la forme d’une alternance de séquences d’expérimentation de moyens habiles en relation avec les projets et la pratique des participants, et des séquences d’analyse. Ces dernières pouvant être orientées soit vers l’expérimentation elle-même, soit vers l’exploration des situations concrètes des participants.

Après la formation

Dans l’après formation, nous proposons un suivi sous plusieurs formes :

• Un compte- rendu problématisé de la session remis aux participants sur la base de notes collectives prises pendant la formation.

Et en fonction des demandes qui émergent pendant la formation :

• Un GT ou Groupe de Travail sur la RAP sur la base d’un échange régulier entre les participants sur les MH pratiqués depuis la formation. En présentiel et/ou en distanciel avec tableau virtuel.
• Un appui méthodologique personnalisé pour les participants qui se lancent dans la rédaction d’un projet RAP à soumettre à un bailleur ou qui cherchent des conseils sur l’accompagnement et la valorisation du projet en cours. (Tiers Veilleur)

Formateurs

Sylvie Blangy, est consultante, formatrice et chercheuse. Elle a initié et coordonné pour le CNRS, l’OHMI Nunavik (Observatoire Homme Milieu International) au Nord Québec. Et créé et animé le GDR PARCS (groupe de recherche sur la RAP et les Sciences Citoyennes) et formé avec J. Chevalier dans le cadre du GDR plus de 300 personnes à la RAP en France. Elle évalue des projets de RAP pour les agences de financement canadiennes, norvégiennes, belges et françaises (CO3). Elle développe avec des communautés (Sami, Inuit) des nouvelles méthodologies de recherche autochtone qui visent à répondre à leurs préoccupations (impacts cumulés des changements globaux, souveraineté alimentaire, mines). En France, elle travaille de concert avec des collectivités, des associations sur la réponse aux grands enjeux (déchets plastiques, pêche artisanale, transition énergétique, énergies renouvelables, pain au levain, intégrité scientifique)

Christian Michelot, est enseignant-chercheur à l’Ecole CentraleSupélec, actuellement titulaire d’une chaire de recherche pour le secteur du bâtiment et des travaux publics. Il est psychosociologue-consultant intervenant auprès des entreprises, des établissements sanitaires et sociaux et des institutions publiques. Il est instructor en Participatory-Action Research, membre du Comité Editorial de la Collection Psychosociologie(s) aux Editions l’Harmattan et du comité de rédaction de la Nouvelle Revue de Psychosociologie.

L’un et l’autre sont des praticiens expérimentés et certifiés par SAS2 Dialogue au Canada. Ils sont garants de la mise en place du cadre de travail et des règles de fonctionnement du groupe permettant l’expression des différences, assurant le respect des personnes et offrant la possibilité pour chacun d’élaborer ses propres questionnements au-delà des apprentissages communs.

Modalités pratiques

Prochaine session (dates et lieu) :